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Établir les facteurs «d’hostilité» de la nature en milieu terrestre

À certaines périodes, lacs et cours d’eau peuvent devenir des zones inhospitalières.

Les lacs, le fleuve, et dans une moindre mesure les cours d’eau, apparaissent habituellement comme des endroits tranquilles et calmes. Pourtant, ils peuvent être soumis à plusieurs facteurs climatiques et hydriques que l’on peut qualifier d’«hostiles» qui influencent notamment les problèmes d’érosion de la rive.

 

 

Les vents-

Photo: P199/Wikimedias Commons

La force et la direction des vents ont une influence sur les végétaux.

Il faut établir la direction et la force moyenne des vents. On peut trouver des données météorologiques à Archives nationales d’information et de données climatologiques d’Environnement Canada ainsi que sur MétéoMédia (les données sont généralement fournies pour les stations météorologiques. Il faut donc identifier la station la plus proche).

Une bande riveraine située face aux vents dominants subira plus de pression qu’une autre placée sous le vent. Il faut en tenir compte lors du choix des végétaux par exemple, car en hiver, le vent réduit la température ambiante, exposant les végétaux à des températures très froides.

Les précipitations-

L’intensité des précipitations peut avoir une influence sur la largeur de la bande riveraine.

La quantité d’eau que reçoit en moyenne annuelle le bassin versant est aussi une donnée qu’il faut connaître (elle est disponible à Archives nationales d’information et de données climatologiques). Identifier le type de précipitations : pluie, orage, neige, etc. pourrait amener à augmenter la largeur légale de la bande riveraine dans certaines circonstances ou sur certaines sections à aménager afin qu’elle joue mieux ses rôles.

Identifier la présence ou l’absence de neige permet de sélectionner adéquatement les végétaux. La neige étant le meilleur isolant contre le froid, si elle s’accumule sur la berge, les végétaux seront bien protégés en hiver. Par contre, en l’absence de neige, ils subiront plus intensément les assauts des vents. Dans un endroit où il y a peu de neige (cela peut être seulement sur une section à aménager), il est conseillé de planter des végétaux ayant une zone climatique de moins que celle où se situe le terrain.

Les crues-

Photo: Jean Philippe Richard/Wikimedias Commons

Les crues sont, la plupart du temps, des phénomènes naturels dont il faut tenir compte dans la restauration d’une bande riveraine.

Il s’agit généralement d’un phénomène naturel par lequel un cours d’eau, mais aussi parfois un lac, déborde de son lit à la suite de fortes pluies ou la fonte des neiges. Une crue peut être provoquée par des causes artificielles comme la régulation des barrages. Dans ce cas, il faut s’informer auprès des propriétaires et en tenir compte dans le choix des arbustes.

 

 

 

 

 

Une crue provoque des inondations qui peuvent avoir deux types de conséquence:

– si la crue est lente, elle peut être bénéfique car elle apporte des limons fertilisants;

– si la crue est violente, elle peut:

• raviner le sol;
• déstabiliser la berge;
• abîmer la végétation existante;
• déraciner la végétation nouvellement plantée;
• déposer des matériaux grossiers et stériles sur la rive.

Les courants-

Les effets des courants sont particulièrement importants dans le fleuve, les cours d’eau et à l’entrée et la sortie des lacs.

Lorsqu’ils charrient des sédiments, les courants ont pour effet de créer des accumulations (sédimentation), ou au contraire, de les éroder.

Les courants sont souvent présents dans les cours d’eau et particulièrement à la jonction d’un émissaire, ou d’un ruisseau, qui se jette dans un lac. Leurs effets peuvent être constatés là où ils sont directement visibles, mais aussi à d’autres endroits s’ils courent sous les surfaces de l’eau. À plusieurs endroits dans le fleuve, les courants jouent un rôle primordial.

Dans le cas des cours d’eau et du fleuve, une bonne connaissance des courants est indispensable car ils ont souvent des effets importants sur l’érosion (en fait, c’est en partie grâce à eux que le cours d’eau creuse son lit). Le débit pouvant énormément varier d’une saison à l’autre, voire d’une journée à l’autre, par exemple après une pluie, des observations sur une année sont conseillées.

Dans le cas où les courants posent des problèmes importants d’érosion ou de sédimentation, il faut faire appel à des spécialistes qui procéderont, dans la mesure du possible, aux aménagements nécessaires après avoir obtenu un certificat d’autorisation du MDDEFP.

Les vagues-

Sur les lacs, les vagues ont des impacts qu’il faut prendre en compte.

Agréables à voir et à entendre, les vagues sont dévastatrices car elles agissent de manière répétitive. Celles qui sont provoquées par le vent sont généralement sans grandes conséquences si le lac est entouré d’une bande riveraine en santé. Par contre, si la lisière autour du lac est peu végétalisée, l’énergie des vagues ne pouvant être absorbée par les plantations, leurs effets peuvent être plus néfastes. Pour ce qui est du milieu maritime, voir : Le vent et les vagues.

Les vagues produites par les embarcations nautiques à moteur à essence, notamment quand ce dernier est puissant, peuvent avoir des conséquences dévastatrices. Le déferlement qui provient du sillage d’un bateau est appelé batillage. Son impact négatif est généralement moins présent dans les lacs de grandes dimensions.

Fortes, nombreuses et répétitives, les vagues générées par des activités nautiques intenses posent un problème. S’il n’y a pas de consensus pour interdire ou limiter l’utilisation des embarcations motorisées à essence sur un lac, on doit prendre en considération cet élément, notamment en augmentant la densité des arbustes et en sélectionnant, pour le bas de la rive, des plantes qui s’enracinent rapidement et qui ne seront donc pas facilement sujettes à un déracinement.

Les types de vagues

– vagues de houle ordinaire : écartement de 150 m et vitesse de 15 m/s;

– vagues de vent marin : écartement de 75 m et vitesse de 10 m/s;

– vagues du littoral : écartement de 15 m et vitesse de 5 m/s;

– rides à la surface des étangs : longueur de 0,4 m et vitesse de 0,8 m/s.

Les vagues peuvent être identifiées par l’analyse des zones naturelles adjacentes, une discussion avec les riverains ou par un ingénieur spécialisé.

Le batillage-

Le batillage est l’ensemble des vagues provenant du sillage d’un bateau et qui touche les rives. Quel que soit le bateau, lorsqu’un plaisancier circule sur un cours d’eau, un lac ou un chenal, il y aura toujours du batillage. Toutefois, si la circulation a lieu à grande vitesse, ou encore près du rivage, ou les deux à la fois, le batillage crée des problèmes sur la rive.

Pour réduire le batillage, il faut inciter les plaisanciers à:

– ralentir leur vitesse de façon générale, mais aussi dans les zones peu profondes, près des rives et dans les chenaux;

– respecter la signalisation maritime;

– adapter leur vitesse en fonction du plan d’eau.

L’exposition de la rive aux vents dominants a aussi un impact sur les vagues qu’elle reçoit puisque les bourrasques ou les rafles, en poussant l’eau, peuvent provoquer ou augmenter leur amplitude. Dans certains cas, il est aussi utile de prendre en compte la longueur du «fetch». Il s’agit de la distance, sur un plan d’eau, au-dessus de laquelle souffle un vent sans rencontrer d’obstacle. Cet élément, calculé par un spécialiste, doit être considéré conjointement avec les vents dominants.

Les glaces-

Photo: Gilbert Bochenek/Wikimedias Commons

C’est surtout au printemps que l’effet négatif des glaces se fait sentir sur la bande riveraine.

Le problème des glaces se fait surtout sentir au printemps, au moment de la fonte des neiges. Les rives sont alors percutées à répétition par des plaques d’eau glacée qui peuvent être parfois de bonnes dimensions. Ce type de problème est particulièrement important dans les ruisseaux, les rivières, mais aussi sur certains lacs.

Toutefois, l’absence de celles-ci engendre également des problèmes d’érosion en milieu côtier car elles ont pour effet de protéger les rives en hiver.

Un bon couvert d’arbres et d’arbustes est un moyen efficace de contrer ce problème. Toutefois, dans les endroits nécessitant une restauration importante, il peut être indiqué d’installer une combinaison de roches et de végétaux ligneux le temps que ces derniers fassent tout leur effet.

Les insectes, les maladies et les autres animaux-

Photo: Smidon33/Wikimedias Commons

Il faut vérifier la présence éventuelle de ravageurs qui pourraient détruire les végétaux dans la bande riveraine.

Dans certaines régions, des insectes ou des maladies sont présents de façon quasi permanente sur certaines plantes. Comme il est interdit d’utiliser des pesticides dans les trois premier mètres de la bande riveraine (depuis le lac), et totalement déconseillé dans la partie restante, il ne faut pas planter des végétaux qui, de toute façon, seront attaqués, voire détruits par ces insectes ou maladies.

Pour connaître les insectes et les maladies endémiques dans une région, on s’adresse à un professionnel en horticulture ornementale ou à la municipalité notamment si celle-ci est membre du Service de veille phytosanitaire ou SVP.

Les rongeurs, cervidés et autres animaux

En milieu naturel, la présence d’animaux sauvages est tout à fait normale. Toutefois, cette réalité peut dans certains cas présenter un problème, notamment aux nouvelles plantations (pousses tendres). Pour vérifier s’ils sont présents, on peut observer la végétation environnante, questionner les propriétaires ou s’informer auprès de la municipalité.

La sélection des végétaux, leur diversité et des mesures de protection (grillage, spirale antirongeurs, etc.) sont les meilleurs moyens de réduire ce type d’hostilité.