En milieu côtier, c’est différent
La salinité de l’eau et les marées, entre autres, font du fleuve Saint-Laurent un écosystème particulier.
Le fleuve Saint-Laurent est une des plus importantes voies de navigation commerciales au monde. Il prend sa source dans les Grands Lacs et draine l’eau de tous ses affluents vers l’océan Atlantique. Le fleuve change de forme d’amont en aval. Il est d’abord une alternance de tronçons fluviaux et de lacs, avant de se transformer en estuaire et finalement en golfe. Le long des côtes, ces changements ont pour conséquences une grande variété d’habitats côtiers et une biodiversité exceptionnelle.
La longueur des rives du Saint-Laurent étant si importante (plusieurs milliers de kilomètres) et sur une étendue si vaste (elles traversent plusieurs zones climatiques), la position géographique du riverain est déterminante dans le choix des végétaux à privilégier. Il est donc primordial de bien identifier dans laquelle des cinq grandes régions hydrographiques du fleuve les travaux ont lieu, et quel est l’ensemble bioclimatique qui caractérise la végétation de la région.
Source: Hydrographie du Saint-Laurent, Environnement Canada (www.ec.gc.ca)
Les cinq grandes régions hydrographiques du fleuve.
Le tronçon fluvial-
C’est un tronçon en eau douce.
Il s’étend sur 240 km, de la sortie du lac Ontario (Cornwall) à la sortie du lac Saint-Pierre (Pointe-du-Lac) près de Trois-Rivières. Il est caractérisé par une alternance de rapides aux eaux vives et d’élargissement où l’eau est plus calme. Le fleuve prend alors successivement les noms de lac Saint-François, lac Saint-Louis et lac Saint-Pierre. L’ensemble du parcours est ponctué d’innombrables îles et îlots. Il est important de noter que les rives du tronçon fluvial du Saint-Laurent abritent de nombreux milieux humides, marais et plaines inondables, indispensables au bon fonctionnement de ces écosystèmes.Source: Hydrographie du Saint-Laurent, Environnement Canada (www.ec.gc.ca)
L’estuaire fluvial-
Il est caractérisé par l’apparition de marées d’eau douce.
Il s’agit de la première zone de transition entre la portion fluviale d’eau douce du fleuve et la mer. Celle-ci s’étend sur 160 km, de Trois-Rivières jusqu’à la pointe est de l’île d’Orléans.C’est à l’est de Trois-Rivières, plus précisément à partir de la rivière Batiscan, que l’influence des marées se fait sentir. À cette hauteur, le marnage moyen a une amplitude de 20 cm, alors qu’elle est de 30 cm lors des grandes marées. Du côté de Québec, à l’extrémité est du tronçon fluvial, le marnage moyen atteint 4 m d’amplitude et 5,9 m lors des grandes marées.Source: Hydrographie du Saint-Laurent, Environnement Canada (www.ec.gc.ca)
L’estuaire moyen et le Saguenay-
Dans cette région hydrographique, la salinité de l’eau augmente significativement.
L’estuaire moyen s’étend de la pointe est de l’île d’Orléans à Tadoussac. Il inclut donc la rivière Saguenay. Entre l’île d’Orléans et l’île aux Coudres, l’eau est qualifiée de saumâtre, c’est-à-dire qu’un mélange se forme entre l’eau douce qui arrive du tronçon fluvial à l’ouest et l’eau salée qui pénètre l’estuaire en provenance du golfe.De plus, la rencontre de ces deux courants opposés est responsable d’une part de la remise en suspension de fins sédiments et, d’autre part, de la floculation, ce qui entraîne une forte turbidité des eaux entre l’île d’Orléans et l’île aux Coudres, mais aussi le long de la rive sud jusqu’à Kamouraska. Cette zone de turbidité porte aussi le nom de bouchon vaseux.Source: Hydrographie du Saint-Laurent, Environnement Canada (www.ec.gc.ca)
L’estuaire maritime et le golfe-
Milieu marin dont la salinité des eaux se situe un peu en dessous de celle de la mer.
L’estuaire maritime s’étend de Tadoussac à Pointe-des-Monts sur la rive nord, et de l’île Verte à Les Méchins sur la rive sud. Cet environnement est très proche du milieu marin, sinon que la salinité des eaux se situe un peu en dessous de celle de la mer, soit de 25 à 30 parties pour 1 000 en surface alors que la mer atteint 32 parties pour 1 000.À l’est de Pointe-des-Monts, le fleuve devient golfe. Une mer intérieure isolée de l’océan par la présence des îles de Terre-Neuve et du cap Breton ainsi que la péninsule de la Nouvelle-Écosse. Dans le golfe, la salinité des eaux atteint 32 parties pour 1 000, comme dans la mer. Sur la rive nord, la côte file presque en ligne droite jusqu’à atteindre le 60e parallèle. Sur la rive sud, la péninsule de la Gaspésie fait face au golfe.En raison de sa latitude élevée, de sa faible altitude, et de la présence du courant marin froid du Labrador qui longe les côtes, la végétation de la côte est formée de plantes subarctiques, une flore propre à la partie sud du Labrador. De plus, sur la basse Côte-Nord, la nature calcaire du sol de la Minganie et d’Anticosti influence la nature des espèces végétales qui s’implantent.Source: Hydrographie du Saint-Laurent, Environnement Canada (www.ec.gc.ca)
Les habitats côtiers et leur exceptionnelle biodiversité.
S’inspirer des agencements de végétaux naturels de la côte dans le but de restaurer une bande riveraine est gage de succès.
Quelques exemples d’habitats côtiers typiques du Québec maritime et des végétaux qui les composent.
Les marais salés-
Ils se trouvent essentiellement dans le tronçon de l’estuaire moyen (ex. : Kamouraska, Cap-Tourmente). Le marais salé présente deux étages distincts :
- L’étage inférieur, largement colonisé par la spartine alterniflore (Spartina alternifolia) est recouvert par la marée deux fois par jour. Une fois submergé, le feuillage de la spartine amortit les courants et favorise la sédimentation fine, essentielle à l’existence du marais.
- L’étage supérieur du marais salé n’est quant à lui submergé que par les grandes marées. Les plantes qui le colonisent tolèrent moins bien la submersion quotidienne.
La limite entre la zone intertidale et le domaine terrestre se reconnaît sur le terrain d’une part par la présence de laisses de marée qui demeurent dans le paysage, et d’autre part par un changement de végétation qui ne tolère par la salinité de l’eau de mer. Le marais est une véritable éponge qui préserve le domaine terrestre de la submersion. D’un point de vue écologique, le marais maritime est un habitat de qualité pour la faune et la flore. De plus, il s’agit de l’habitat du bruant de Nelson, une espèce d’oiseau en péril.
Le marais appartient à la zone littorale; il est interdit d’intervenir dans cet espace. Cependant, les espèces proposées peuvent très bien être utilisées pour compléter la bande riveraine en haut de la ligne des hautes eaux.
Le boisé riverain-
Il appartient à l’arrière-côte, c’est-à-dire au domaine terrestre. Celui-ci offre un habitat boisé à proximité de la côte. La baie de Rimouski a préservé ce précieux habitat où l’on y observe un majestueux rideau d’aulnes qui fait la transition entre le marais salé et le domaine forestier.
La lande, les dunes fixes et les dunes boisées-
Les landes et les dunes sont des paysages côtiers typiques des Îles-de-la-Madeleine et de la Basse-Côte-Nord. Il s’agit d’un environnement inhospitalier de la côte, exposé aux conditions rigoureuses du climat maritime et sans cesse balayé par les vents, qui s’apparente à la fois à la toundra arctique et aux sommets alpins. Pour y survivre, la végétation s’établit au ras du sol. Plus de 30 espèces de plantes vasculaires associées aux domaines arctique et alpin y trouvent refuge. La végétation qui la compose s’observe aussi sur les dunes fixes et boisées.
Il faut noter qu’aux Îles-de-la-Madeleine, la forêt primitive a été anéantie par les activités de l’homme. Cependant, l’île Brion, aujourd’hui protégée comme Réserve écologique de l’Île-Brion, a conservé une partie de cette forêt, qui peut inspirer sur l’état d’origine de la forêt de l’archipel.
Les tourbières et la forêt boréale-
Les éricacées sont fortement représentées dans les tourbières. Il s’agit d’arbustes de petite taille qui colonisent les milieux humides. Les airelles (Vaccinium sp.) sont aussi fortement présentes dans ces milieux. Les plantes qui poussent de la forêt boréale sont des choix judicieux pour la végétalisation de la bande riveraine.