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Entretenir

Un léger entretien de la bande riveraine permet de maximiser les bienfaits de la restauration.

On dit le plus souvent que l’entretien est inutile dans une bande riveraine. C’est vrai dans une bande riveraine naturelle, sur un lac, un cours d’eau ou au bord du fleuve, et dans les endroits qui ne subissent aucune activité humaine (nautisme, régulation du niveau d’eau, etc.).

 

Sur les lacs et en bord de cours d’eau situés dans les zones de villégiature, il est conseillé d’exercer une surveillance annuelle, notamment les premières années et dans les zones sensibles, particulièrement celles qui sont assujetties à l’action des vagues. Une observation du milieu après de fortes crues ou des épisodes de verglas intense permet de constater s’il y a des dégâts et d’établir les niveaux d’intervention.

Si on doit procéder à des opérations d’abattage sélectif, d’élagage et de suppression de végétaux problématiques, il est préférable de le faire en une seule fois, de manière légère et répétée, ou sur plusieurs mois ou plusieurs années, de façon massive. Dans tous les cas, on doit vérifier au préalable la réglementation municipale pour ce genre d’opération.

L’entretien des plantes herbacées et ligneuses et des surfaces ensemencées est assez similaire. Les différences sont indiquées pour chaque geste d’entretien.

Arroser 

Au cours de la première année, s’il ne pleut pas beaucoup, on doit s’assurer que les plantes ne manquent pas d’eau. Sinon, comme la bande riveraine a pour fonction de capter les eaux de ruissellement, son «arrosage» se fait naturellement.

Dans le cas des semis, on arrose lors des périodes de sécheresse pendant l’année qui suit le semis. Par la suite, l’arrosage est inutile si les plantes ont été bien sélectionnées.

Désherber 

Le désherbage intervient surtout au début, dans les deux ou trois premières années, le temps que les végétaux prennent toute leur ampleur. Par la suite, c’est inutile.

Lors de cette opération, on évite de trop remuer le sol afin de ne pas augmenter les risques d’érosion par les eaux de pluie. Une bonne méthode consiste à faire le désherbage au printemps, lorsque les plantes sont peu développées. Le travail est alors plus facile (les plantes ont moins enraciné qu’en fin de saison), et on remue moins de terre.

Dans le cas des semis, normalement, si le taux d’ensemencement a été calculé correctement et que le semis est bien régulier, le désherbage n’est pas nécessaire. Toutefois, si on voit qu’une quantité trop importante d’herbes indésirables vient mettre en péril la survie des espèces choisies, on peut procéder à l’arrachage. Il en est de même pour les plantes envahissantes.

Dans tous les cas, on procède de manière à mettre le moins possible de sol à nu afin d’éviter la déstabilisation du terrain. Après un désherbage, on peut aussi, si la température le permet, ressemer légèrement pour combler le trou.

Pailler 

Le paillage ayant comme objectif d’empêcher la croissance des herbes situées en dessous, ce n’est pas une bonne idée de l’utiliser sur toute la superficie de la bande riveraine. Si on étend trop de paillis au sol, on empêche alors les plantes herbacées de se développer.

Par contre les cuvettes de plantation peuvent en recevoir les deux ou trois premières années afin de contrôler les mauvaises herbes et de favoriser la croissance des arbustes.

La paille, les écorces déchiquetées et les feuilles mortes font un excellent paillis. On privilégie l’approvisionnement local. Bien entendu, on évite toute utilisation de paillis à base de frênes afin de ne pas risquer de disséminer l’agrile du frêne, un insecte dévastateur.

Une nouvelle plantation de plantes vivaces peut aussi en recevoir afin de conserver l’humidité au sol, mais l’épaisseur de la couche doit être mince.

Les gestes à éviter 

Il s’agit de la tonte, de la fertilisation et de l’utilisation des pesticides.

Il ne faut jamais tondre une bande riveraine puisqu’on cherche à recréer un milieu naturel. Dans le cas d’un terrain ensemencé, l’utilisation de machinerie pour effectuer la tonte serait dommageable pour la rive.

Un des rôles principaux d’une bande riveraine étant de filtrer les fertilisants et les pesticides, il n’est pas cohérent d’en ajouter.

De plus, les plantes ayant été choisies pour leur capacité à s’implanter dans le territoire défini, il est inutile d’utiliser des fertilisants sur les bandes riveraines.

Il est interdit, selon le Code de gestion des pesticides, d’appliquer des pesticides à moins de 3 mètres d’un cours ou plan d’eau.

En plus des normes de ce code, plusieurs municipalités réglementent l’application de pesticides sur leur territoire. Une vérification s’avère donc nécessaire.

Tailler et élaguer 

La taille des arbustes est pratiquée uniquement au cours des premières années si on estime qu’il faut favoriser la croissance des plantes. Par la suite, on taille les arbustes seulement si leur vie est en danger, s’ils ne sont pas sécuritaires ou s’ils menacent la stabilité de la berge.

On pratique l’élagage uniquement sur les arbres, dont les branches:

• penchent trop vers le cours d’eau et sont donc dangereuses. Comme elles fournissent de l’ombre au dessus de l’eau et qu’elles jouent un important rôle pour la faune (ex. : tortue), on les conserve le plus possible;

• sont mortes ou faibles, menaçant ainsi la survie de l’arbre;

• obstruent l’écoulement de l’eau dans un cours d’eau.

 

On élague si possible durant la période de repos végétatif, à l’exception des périodes de gel intense. Les travaux doivent être effectués dans les règles de l’art. Pour les travaux qui requièrent des connaissances particulières, on doit faire appel à un arboriculteur. On privilégie les membres de la Société internationale d’arboriculture, Québec [www.siaq.org].

Enlever les arbres morts 

Comme il a été démontré dans le cycle de vie d’une bande riveraine, les arbres morts ont une utilité écologique. Ils servent d’alimentation, d’abri et d’aire de nidification pour plusieurs espèces animales (oiseaux, insectes, etc.). On doit donc enlever uniquement les arbres qui sont dangereux pour la stabilité de la rive et la sécurité des humains. Les arbres que l’on choisit d’enlever de la bande riveraine doivent être sélectionnés avec minutie. Le plus souvent, c’est le long des cours d’eau que les arbres morts sont les plus problématiques.

Les travaux se font en général au printemps ou à l’automne, en dehors des périodes de fort gel. On peut aussi procéder en été, mais il faut prendre des précautions afin de ne pas abîmer les autres végétaux en pleine croissance.

On coupe ou enlève les arbres sélectionnés sans les dessoucher afin que le système racinaire maintienne la berge. Dans certains cas, la souche pourra produire des rejets forts utiles. Le dessouchage ne doit être utilisé qu’en dernier recours, car ces travaux risquent de déstabiliser la berge. S’il est indispensable, on doit mettre en place des techniques de stabilisation de berge une fois la souche enlevée.

Les travaux doivent être effectués dans les règles de l’art. Pour les travaux qui requièrent des connaissances particulières, on doit faire appel à un arboriculteur. On privilégie les membres de la Société internationale d’arboriculture, Québec [www.siaq.org].

Supprimer les végétaux problématiques 

Avant d’intervenir ou de mettre en place quelque programme de contrôle ou d’éradication que ce soit, on doit acquérir les connaissances écologiques sur les stratégies biologiques de l’espèce envahissante afin d’éviter de favoriser la propagation (dissémination des semences, marcottage, drageonnage, bouturage des racines ou des tiges). Ces connaissances sont nécessaires pour appliquer des stratégies de lutte efficaces et appropriées.

Après la végétalisation d’une bande riveraine, deux types de végétaux peuvent vouloir prendre le dessus sur les autres.

Les plantes agressives

Il s’agit de plantes qui se sont installées spontanément lors de restauration ou implantées lors de la végétalisation, et qui ont tendance à vouloir prendre de la place au détriment des autres. Avant d’entreprendre toute action, il faut évaluer si ces plantes agressives menacent réellement la biodiversité ou si elles ne font que prendre la place qui leur revient. Un contrôle par arrachage manuel peut laisser le temps aux autres espèces de prendre leur ampleur. Les travaux d’arrachage doivent se faire sans mettre en péril la stabilité de la berge.

Les plantes envahissantes

Ce sont des plantes qui se sont installées spontanément (où que l’on a eu le malheur d’implanter sans en connaître la nature) et qui colonisent la bande riveraine à tel point qu’elles menacent son équilibre écologique en cherchant à prendre la place de toutes les autres plantes.

Dans une bande riveraine, l’arrachage, sans risques de trop remuer le sol, est fortement conseillé. Si, selon le Code de gestion des pesticides, l’utilisation d’herbicide est autorisée à partir de 3 mètres depuis le bord de l’eau, on évite le plus possible son utilisation. L’arrachage doit s’accompagner d’un plan de plantation ou de réensemencement afin de ne pas laisser place à l’implantation de nouvelles plantes envahissantes.

Préparer pour l’hiver 

Tout comme dans un milieu naturel, il n’y a aucune préparation à faire pour l’hiver. On ne coupe pas les fleurs fanées, on ne rabat pas les plantes herbacées et les arbustes, on n’enlève pas les feuilles mortes. Tout doit rester en place tel quel, puisque tous ces éléments sont indispensables à la réalisation du cycle de vie de la bande riveraine et que la vie d’un grand nombre d’animaux en dépend.

Protéger contre les rongeurs 

 Bien qu’on ait installé une protection contre les rongeurs, les plantes sensibles lors de la plantation, il peut arriver que d’autres plantes soient attaquées. Comme on est dans un milieu naturel, il faut établir le niveau de destruction. Si celui-ci ne menace pas l’efficacité de la bande riveraine (filtration, stabilisation, etc.), on peut se passer d’intervenir.

L’installation (souvent temporaire) de grillage et de spirales antirongeurs se fait seulement dans les cas où l’intégrité de la bande riveraine est menacée.

La suppression des plantes herbacées non désirées en périphérie des tiges des plantes ligneuses, particulièrement à l’automne, donne de bons résultats.